ASSOCIATION
EUROPEENNE DES ANCIENS PARLEMENTAIRES
DES PAYS
MEMBRES DU CONSEIL DE L’EUROPE
COLLOQUE
de BRUXELLES
13 novembre 2014
LES DEFIS DE LA DEMOCRATIE A L’EPOQUE DE LA MONDIALISATION.
COMMENT RENFORCER LES
INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES ET LA PARTICIPATION DES PEUPLES.
DECLARATION DE BRUXELLES
Adoptée par les délégués
représentant les membres de l’Association européenne des anciens Parlementaires
des Pays membres du Conseil de l’Europe
L’Association européenne
des anciens parlementaires des pays membres du Conseil de l’Europe:
- remercie
l’Association des anciens députés au Parlement européen (AAD) d’accueillir le
Colloque dans les locaux du Parlement européen, seule institution de l’Union
européenne élue directement par le peuple et instrument majeur du contrôle
démocratique de l’Union européenne, et instance de délibération sur la
législation communautaire.
- rappelle que son
travail est tout à fait conforme à la Déclaration universelle des droits de
l’homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies à Paris le 10
décembre 1948, à la Convention européenne des droits de l’homme du Conseil de
l’Europe (1950), au Pacte international relatif aux droits civils et politiques
de l’ONU (1966), à la Déclaration universelle sur la démocratie, adoptée par
l’Union interparlementaire (UIP) en 1997 ainsi qu’à la Charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne.
- souligne que le
Colloque de Bruxelles est axé en particulier sur le renforcement des
institutions démocratiques et sur la participation des citoyens. Les principes
de libertés et de respect des droits de l’homme doivent être respectés par les
gouvernements. Ce colloque a
pour objectif d’appeler l’attention sur la nécessité d’un tout nouvel équilibre
mondial basé sur la démocratie tenant compte des effets de la mondialisation et
du développement des pays émergents.
QUELQUES RAPPELS
A - UN SOCLE DE
VALEURS COMMUNES : BASE DE LA DEMOCRATIE.
- La démocratie est
un idéal ainsi qu’un objectif, fondé sur des valeurs fondamentales et communes
à tous les peuples de la planète à l’esprit ouvert, indépendamment des
différences culturelles, politiques, sociales ou économiques. Elle repose sur
des valeurs telles que, l’inviolabilité de la dignité humaine, la liberté, le
respect des droits de l’homme la primauté du droit, l’égalité des sexes, la
solidarité et la justice sociale, la protection des bases naturelles de la vie,
la tolérance, la liberté de croyance, le respect des minorités la diversité
culturelle, la paix
La démocratie – le
gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple - repose sur des principes essentiels : la participation et la
responsabilité individuelle des citoyens, ce qui implique l’existence
d’institutions représentatives à tous les niveaux de décisions. La démocratie
comprend des paramètres sociaux, économiques et culturels qui facilitent le
choix politique libre et égal pour tous et la liberté d’expression et des
médias sans restrictions..
- Le devenir de la
démocratie ne peut être dépendant des situations particulières de chaque pays.
Nous constatons que trop souvent confrontée à des interprétations diverses en
fonction des traditions, des religions et du régime politique, dans de nombreux
pays du monde, la démocratie est loin d’avoir obtenu gain de cause. .
- Dans les
conclusions de notre Déclaration de Rome du 30 novembre 2002 sur : « Les
valeurs européennes communes qui constituent le pilier de la construction
européenne » :
« Les anciens
parlementaires demeurent convaincus qu’une Europe unifiée et structurée est en
mesure de faire face aux défis de la mondialisation non seulement dans les
domaines économique et social, mais aussi politique et juridique. Il faut
promouvoir une mondialisation des valeurs démocratiques et une économie de
marché sociale et écologique où le développement humain durable et les droits
des générations futures constituent le point de référence d’une politique
mondiale qui offre une vie digne à tous les êtres humains, tant aux générations
actuelles que futures ».
B - CERTAINS
FONDEMENTS DE LA DEMOCRATIE SONT MIS EN CAUSE PAR LA MONDIALISATION.
La
mondialisation remet en cause certains fondements de la démocratie dans sa
définition « d’hier » :
- La rapide montée
en puissance des nouvelles technologies de communication et d’information et particulièrement
d’internet a permis l’accès à l’espace « village planétaire ».
Cependant l’abus et
la manipulation sont flagrants dans de nombreux domaines, exemples :la remise
en cause de la protection de la vie privée, l’ usurpation d’identité et toutes formes
de criminalité numérique. Des transgressions provenant des Etats eux-mêmes
peuvent aussi se produire dans ces domaines.
- La crise des
dettes a eu pour conséquence de mettre en évidence le poids déterminant de
l’intervention des institutions financières internationales et des agences de
notation qui cristallise le sentiment qu’ont les citoyens d’une ingérence et
d’une supervision dans les affaires nationales, voire d’une mise sous tutelle.
A côté des horizons
positifs qu’elle ouvre (p.ex. communication accélérée, aide internationale,
promotion d’échanges commerciaux…) la mondialisation accroît les contraintes
qui pèsent sur les Etats et les groupes d’états dans un contexte où il n’y a
pas, à l’échelle internationale les conditions institutionnelles nécessaires à
l’exercice de la démocratie.
- Face au manque de
transparence et à la complexité des structures de pouvoir, les citoyens sont
désireux de participer aux prises de décisions. Les manifestations et
les révoltes récentes ont mis en évidence l’influence de plus en plus grande
des réseaux sociaux, la pluralité d’expression des opinions s’exerce dans une
plus grande mesure en dehors des institutions représentatives.
PROPOSITIONS
1. Le rôle des institutions politiques et de
leurs représentants est déterminant pour créer et faire vivre un
cadre démocratique dans chaque pays, au niveau local, régional, national, mais aussi
au niveau interétatique.
Pourtant l’enjeu des élections apparaît
aujourd’hui de plus en plus limité, notamment sur les questions économiques et
sociales, domaine dans lequel les gouvernants paraissent avoir le moins de
marge de manœuvre. L’augmentation du taux d’abstention s’explique pour une
large part par ce sentiment d’impuissance. Or le bon fonctionnement de la démocratie exige une participation électorale
sinon massive du moins conséquente.
Nous rappelons que
l’élément de l’exercice de la démocratie est la tenue à intervalles périodiques
d’élections libres et régulières avec la garantie du vote secret permettant
l’expression de la volonté populaire. Ces élections doivent se tenir, sur la
base du suffrage universel personnel et secret, de telle sorte
que tous les électeurs puissent choisir leurs représentants dans des conditions
d’égalité, d’ouverture et de transparence. C’est pourquoi les droits civils et
politiques sont essentiels, et plus particulièrement, le droit de voter et
d’être élu, le droit à la liberté d’expression et de réunion, l’accès à
l’information, et le droit de constituer des partis politiques et de mener des
activités politiques.
2. Nous proposons de conforter les institutions
démocratiques représentatives en les adaptant au nouveau contexte, par
exemple en tenant compte de l’émergence des réseaux sociaux venant désormais en
concurrence avec les expressions publiques traditionnelles. Pour garantir que l’idée de la démocratie
représentative continue à être appréciée, il faut un système politique qui
permette une plus grande participation du public, et lancer une campagne pour
promouvoir l’éducation civique. Les médias interactifs disponibles aujourd’hui
peuvent fournir une contribution décisive pour moderniser et appuyer la
démocratie représentative en augmentant la transparence et en fournissant des
canaux pour l’engagement et la participation.
La légitimité d’une communauté démocratique ne peut être affaiblie en
autorisant d’acheter la citoyenneté.
Nous proposons d’engager parallèlement des travaux au sein de notre
association pour définir les nouveaux instruments à mettre en œuvre en vue
d’une application concrète de la démocratie participative incluant les
nouvelles techniques de communication.
3. Pour être considéré comme pleinement démocratique, un pouvoir doit être
soumis à des systèmes de contrôles.
Nous proposons que soient mis en
œuvre à tous les niveaux des conseils consultatifs auprès des
administrations publiques encadrés par la législation en
matière de transparence afin de prévenir la corruption et l’influence des
groupes de pressions quels qu’ils soient.
Nous proposons également que l’organisation, la gestion financière, le
financement et l’éthique des partis politiques soient dûment réglementés de
façon impartiale pour garantir la régularité des processus
démocratiques comme le rappelle l’Union interparlementaire dans sa Déclaration
universelle sur la démocratie du 16 septembre 1997, et que les droits à accéder aux informations sur les activités des élus
soient reconnus.
4. Le droit d’initiative citoyenne a
été reconnu sur le plan européen par le Traité de Lisbonne en permettant à un
million de citoyens de soumettre une proposition d’acte juridique européen
nécessaire aux fins d’application des Traités, mais la Commission garde la
faculté de statuer sur l’opportunité de donner suite à cette initiative. Le
Parlement Européen ne peut éluder en aucun cas son rôle historique moteur dans
le processus de construction de l’Europe. Il demeure le lieu populaire à l’échelle
de l’Union européenne.
Aussi nous proposons que le Parlement européen facilite une relance de
l’initiative citoyenne prévue par le Traité de Lisbonne et engage une réforme
de l’initiative citoyenne.
5. Le Parlement
européen devrait aussi être renforcé en créant le poste de représentant
indépendant de l’UE pour les droits fondamentaux, à élire par le Parlement
européen.
6. Il est également important pour
l’architecture démocratique européenne que les pouvoirs de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe soient renforcés en accordant le droit à
l’Assemblée de nommer les candidats pour l’élection du Secrétaire général du
Conseil de l’Europe et des juges de la Cour européenne des droits de l’homme,
et en la dotant de droits consultatifs et décisionnels supplémentaires en ce
qui concerne son budget.
7. Un des défis à
relever par les parlements est d’arriver à un bon équilibre entre la liberté et
les droits individuels pour réglementer l’utilisation de données, la nécessité
de protéger la dignité, la vie privée et la réputation des autres et de la
communauté et d’assurer leur sécurité.
8. Nous proposons que les décisions majeures qui
concernent la population soient prises après consultation et non
par des organismes non élus sur lesquels, et c’est le plus préoccupant les
citoyens pensent que leurs gouvernants eux-mêmes n’ont plus de prise.
L’expertise citoyenne doit pouvoir s’exercer pleinement notamment par la
garantie d’accès à une information préalable objective en particulier sur les
projets publics. Ces consultations représentent une offre essentielle de
démocratie participative. Ces décisions peuvent concerner par exemple l’infrastructure
dans les pays respectifs.
9. La connaissance
citoyenne des décisions est un élément essentiel de la vie démocratique. Cela
suppose une information impartiale, complète et contradictoire.
Nous proposons que la participation des citoyens à la vie publique, et en
particulier leurs droits à l’éducation et à la connaissance soient reconnus et
leur mise en pratique favorisée ; par
exemple : certaines mesures pourraient être
prises comme la publication des débats du Conseil de l’Union européenne quand
il délibère d’actes législatifs comme le fait le Parlement européen.
10. Une extension
raisonnée de la pratique participative à tous les niveaux ne va pas à
l’encontre de la démocratie représentative. Toutefois nous réaffirmons que le
Parlement constitue le cœur politique de la démocratie (comme stipulé dans
notre Déclaration de Malte du 2 novembre 2012). Les Parlements doivent dès lors
renforcer ou réaffirmer leur position en tant que forum central pour le débat
public et politique, et accomplir ses autres fonctions essentielles avec
efficacité et responsabilité – tels que le travail législatif, l’adoption du
budget, le contrôle de l’action gouvernementale, le rôle en matière de pouvoir
électif, et sa participation à la politique étrangère et de sécurité.
11. La mondialisation de la démocratie doit
s’imposer à la mondialisation de l’économie
Si l’on veut
accroître la capacité des citoyens à exercer un certain pouvoir sur des
phénomènes qui se développent dans l’espace global sans qu’ils y soient
associés, il est nécessaire de mettre en place de nouveaux modes d’organisation
politique au niveau international et de prendre en compte les exigences
nouvelles de la société pour davantage de démocratie, de transparence et de
régularité des marchés financiers. En tout cas l’Europe doit en priorité
retrouver sa compétitivité au niveau mondial.
Enfin, nous
proposons que les Etats soutiennent la création
d’une Assemblée parlementaire des Nations Unies par exemple qui supervise les
grandes institutions financières FMI, Banque mondiale afin de favoriser
les progrès de la gouvernance mondiale dans une voie démocratique. Le rôle de
l’OMC devrait consister en un suivi clair et transparent. L’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe devrait contrôler également la Banque européenne
d’investissement (BEI) comme le fait le Parlement européen.
12. La dette des
pays avancés ayant atteint des niveaux sans précédent, son impact sur la
croissance est aujourd’hui plus incertain qu’auparavant et réagit donc sur
l’équilibre démocratique des pays concernés ainsi que sur l’ensemble des pays
du monde.
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